Ariane de Vendoeuvre Malmanche

L’auteur,
Ariane, est née “Jee-yung” à Mokpo, Corée du sud, le 8 avril 1984. « J’ai été placée en nourrice à l’orphelinat Holt à l’âge de quinze mois. Ayant eu la chance d’être adoptée, c’est le 12 octobre 1985 que je suis arrivée en France. Ma mère, professeur de Lettres, et mon père, libraire, nous ont élevées, mes deux sœurs et moi avec l’amour des livres et de la lecture. J’ai grandi à Epernay au cœur de la Champagne et de ses vignes avant de déménager, à l’adolescence, à Paris. Ma licence d’histoire obtenue à la Sorbonne, j’ai cherché ma voie durant quelques années et je l’ai trouvée dans la presse et la communication. Maman d’une petite fille née en septembre 2006, j’ai eu envie d’écrire mon histoire afin de la lui raconter. »

Entretien : “Pourquoi cette histoire ? Parce que c’est la mienne, tout simplement. C’est ainsi que je me suis toujours imaginé mon voyage « natal ». Les petites filles naissent, dit-on, dans les roses ; moi, je suis née d’un avion. De plus, aujourd’hui que l’adoption est à la mode, que tous les médias en parlent, je trouve que finalement on oublie l’essentiel : l’adoption est avant tout une histoire d’amour, celle qui unira un enfant à ses parents.
Depuis que je suis toute petite, je vis entourée de livres. Quand j’étais enfant, mon père avait pour habitude de nous apporter de «petites surprises» qui étaient en réalité des parutions pour la jeunesse. A l’âge de six ans, j’avais décidé d’être écrivain et je pastichais les contes de fées. Cette envie d’écrire ne m’a jamais quittée ; j’ai commencé beaucoup d’ouvrages sans jamais oser aller jusqu’au bout. Ma relation à l’écriture est assez «vieux jeu» ; je n’écris qu’au stylo, sur des cahiers d’écolier que je conserve précieusement. Je mets toujours tout sur le papier, mes souvenirs, mes envies parce que c’est pour moi une façon de les rendre plus palpables.”

“Enfant Ariane expliquait qu’elle avait deux anniversaires et l’on se moquait d’elle car on ne nait qu’une seule fois. Alors Ariane expliquait son histoire, remontait le fil jusqu’au « pays du matin calme », où d’un orphelinat un oiseau de fer parti lui faire traverser la moitié du monde pour rencontrer ses parents d’ici, qui la nommèrent Ariane. Ce fut alors une seconde naissance…
Jee-Yung fait partager son histoire avec douceur, grâce, une forme d’évidence, d’une enfant à l’histoire mal commencée qui au-delà de toutes les frontières trouvera un nouveau terreau filiale où plonger ses racines. Un livre sur l’adoption et la nouvelle chance qu’elle offre, illustré avec délicatesse et intelligence par Yan Nascimbene, qui sait montrer la richesse mais aussi les manques féconds de toute vie renaissante.” (Fnac)

Illustration Yan NASCIMBENE (site de l’illustrateur), publié le 3 juin 2009, collection “D’ici & d’ailleurs” (prix : 12 euros TTC, 40 pages). ISBN : 9782916899220
En 4e de couverture : “De ses racines coréennes à son accueil dans la culture française, Jee-yung vous livre son histoire, avec simplicité et finesse, humilité et tendresse. Les traits de Yan Nascimbene colorent ce destin qui change, le voyage d’Ariane entre sa terre d’origine et sa terre d’adoption, et toute la force d’une nouvelle filiation.”

Les premières lignes : Ariane a quatre ans aujourd’hui
et, pour célébrer cet événement,
elle a apporté un gâteau à l’école.
En le donnant à la maîtresse, elle dit :
« Aujourd’hui, c’est mon vrai anniversaire !
– Ton « vrai » anniversaire ? s’étonne l’institutrice.
– Oui, parce que j’en ai deux !
– Menteuse ! lui crient les autres enfants. »

Il était une fois,
dans un pays très lointain,
où les matins sont, dit-on, toujours calmes,
une petite fille
aux yeux rieurs et aux cheveux de jais.
Elle s’appelait Jee-yung
et, comme tous les enfants,
elle n’avait qu’un seul anniversaire.
Malheureusement, Jee-yung
n’avait ni maman, ni papa pour le lui souhaiter,
et c’est tristement qu’elle souffla sa première bougie.
Au même moment, à l’autre bout du monde,
une Dame et son mari cherchaient un bébé à aimer.
Leurs yeux étaient pleins de chagrin
car tout était prêt pour lui dans leur maison comme dans leurs cœurs.
Mais le petit lit restait vide parce qu’aucune cigogne ne s’arrêtait jamais chez eux.
Dans la maison de sa nourrice,
Jee-yung attendait patiemment…

Joyeux anniversaires…

CritiquesLibres, le 8 août 2009 : “Chan-Ok, avant d’être un label ou une collection, était une maison d’édition, celle d’Hélène Charbonnier. Hélène est une coréenne qui a été adoptée, très jeune, par une famille française du Sud Ouest d’où lui vient cet accent bien sympathique qui surprend au départ lorsqu’on la rencontre pour la première fois… Elle a choisi de se consacrer à la littérature jeunesse de ce pays, son pays de sang. Elle voulait donnait aux Français la chance d’entrer en contact avec cette littérature qu’elle trouvait si belle…Bien sûr, tout n’est pas bon, là-bas comme ici, et il lui faut faire des choix. C’est pour cela que parfois nous sommes en face d’ouvrages qui nous parlent moins, dont le graphisme nous surprend trop, dont l’histoire nous paraît trop exotique…


Interview Hélène Charbonnier – Editions Chan-Ok par LesHistoiresSansFin

Les editions Chan-ok par pointgmagazine

Qu’importe, ce qui compte c’est de trouver ceux qui nous plairont, qui nous emporteront dans la magie des histoires, celle de notre jeunesse lorsque nous réclamions avec insistance à notre mère, à notre grand-père ou notre grande sœur : « Dis, raconte-moi une histoire, rien qu’une et je dors, c’est promis ! ». J’ai donc décidé sans trop d’hésitation de vous parler au mieux de cette collection, label racheté par Flammarion…
(tous les titres Chan-ok sur Decitre, ou sur le site éditeur)

Ariane a quatre ans. Elle apporte un gâteau à l’école pour cette grande occasion… « C’est ton vrai anniversaire ? »« Oui, parce que j’en ai deux ! »« Hou ! La menteuse… » Pourtant c’est bien la vérité de la vie d’Ariane qui a été adoptée par une famille française. Elle était coréenne, la voilà devenue française par l’adoption. Deux dates de naissance : celle correspondant à sa naissance et celle qui rappelle le jour de son arrivée ici après un long voyage en oiseau de fer… Mais tout cela vous le lirez dans ce très bel album, sobre et émouvant. J’aime particulièrement l’illustration de cet album. Elle est l’œuvre de Yan Nascimbene, né en France mais mélange de Français et d’Italien qui nous propose des dessins enfermés dans des cases dans ce style «ligne claire» que j’aime tant. Certains seront surpris car le lecteur trouvera beaucoup d’espace pour son imagination, pour vivre l’aventure humaine d’Ariane à sa façon…Voilà en tous cas un ouvrage indispensable pour tous ceux qui veulent expliquer à leur jeune enfant le mystère de l’adoption, de ses joies, de ses difficultés… Finalement, ce n’est pas une menteuse, Ariane, c’est une fille qui est née deux fois, tout simplement…”

par Shelton